Le ravisseur de Heineken condamné à perpétuité
Le plus célèbre gangster des Pays-Bas a été condamné jeudi à la prison à perpétuité pour avoir ordonné la "liquidation" de cinq personnes, dont son complice dans l'enlèvement du baron de la bière Freddy Heineken dans les années 1980.
La vie de Willem Holleeder, 61 ans, était "régie par la cupidité, la soif de pouvoir et la violence", a déclaré le juge du tribunal d'Amsterdam.
Willem Holleeder, surnommé "Le Nez" en raison de la taille conséquente de son nez, avait organisé en 1983 l'enlèvement de Freddy Heineken, petit-fils du fondateur de la célèbre marque de bière néerlandaise, et de son chauffeur.
L'histoire de cet enlèvement, qui avait secoué les Pays-Bas, a été adaptée au cinéma, d'abord aux Pays-Bas puis aux Etats-Unis en 2015 ("Kidnapping Mr. Heineken"), avec notamment Anthony Hopkins à l'affiche.
Arrêté par la suite à plusieurs reprises pour meurtres et extorsion de fonds, "Le Nez" est devenu une petite célébrité lorsqu'il était en liberté, faisant régulièrement la Une des médias néerlandais, notamment via des interviews dans des émissions de télévision. Il posait régulièrement pour des selfies sur des terrasses d'Amsterdam et a eu un timbre à son effigie en 2007.
Son image publique cachait sa vie de criminel : il faisait impitoyablement éliminer quiconque menaçait sa position de chef de la pègre locale, rappelant les films hollywoodiens tels que "Le Parrain".
Il a ainsi ordonné le meurtre de son ami Cor van Hout, son complice lors de l'enlèvement de Heineken et père des enfants de sa sœur. Cor van Hout a été abattu devant un restaurant à Amsterdam en 2003.
Holleeder, incarcéré depuis 2014, est également accusé d'avoir commandité depuis sa cellule la tentative d'assassinat de ses sœurs et d'un journaliste qui avaient témoigné contre lui.
Selon le juge, Holleeder, qui va faire appel, "avait une attitude sans scrupule et indifférente envers la vie et la mort".
L'enlèvement de Heineken est la saga criminelle la plus célèbre des Pays-Bas. Le baron de la bière et son chauffeur avaient finalement été libérés en échange d'une rançon de 35 millions de florins, soit 15,8 millions d'euros. La majorité de cette somme n'a jamais été retrouvée.